Mercato: les "petits" dans le vert, le PSG dans le rouge, l'OM plutôt stable… Quelle balance financière pour les clubs de Ligue 1?

En pleine période de turbulence économique, les clubs de Ligue 1 n’avaient qu’une envie, réussir ce mercato estival. Globalement, les dix-huit équipes de première division terminent dans le vert au niveau de la balance des transferts. En regardant au niveau global, selon le site Transfertmarkt, la Ligue 1 est bénéficiaire cet été de 342 millions d’euros. Les clubs de l’élite étaient dans l’obligation de vendre et de profiter de ce mercato pour combler un manque très important dans la colonne des droits TV. "Le premier bilan que l’on peut regarder, c’est le volume des mutations", explique Christophe Lepetit, économiste au Centre de droit et d’économie du sport de Limoges (CDES).
"J’ai l’impression qu’on a un volume assez important des mutations sortantes, sans grande surprise. Il faudra une analyse assez précise dans les prochains mois, mais cela tend à confirmer que les clubs ont cherché à réduire la taille des effectifs afin de faire face à cette conjoncture économique assez morose."
Si le PSG, club le plus riche de Ligue 1, a été assez peu actif dans le sens des arrivées, avec deux recrues pour un total de 103 millions d’euros, il a bien vendu cet été. Avec notamment le départ de Gianluigi Donnarumma pour 30 millions d’euros à Manchester City. Finalement, le club de la capitale possède une balance des transferts négative de 39 millions d’euros. "C’est le deuxième enseignement de ce mercato", estime Christophe Lepetit. "Les clubs puissants du championnat de France n'hésitent pas à acheter et même à acheter cher parce qu'ils sont adossés à des investisseurs qui ont la capacité de faire face à leurs besoins. Sur ce point-là, on se tourne notamment vers le PSG, l’OM et maintenant le Paris FC qui a été très actif pour son retour dans l'élite grâce à un actionnaire très puissant. On a quand même des montants qui sont loin d'être négligeables alors que la conjoncture n'est pas très bonne."
C’est en effet l’autre club de Paris, le Paris FC, qui a fortement agité le mercato dans le sens des arrivées. Avec souvent des achats qui ne dépassent pas les 10 millions d’euros mais qui sont assez nombreux. La recrue la plus chère, Otavio, est arrivée de Porto pour 17 millions d’euros. Avec sa montée en Ligue 1, le club n’a pas vendu de joueur pour remplir les caisses et dispose donc d’une balance des transferts négative estimée autour des 57 millions d’euros. "Pour le Paris FC, c’est important de rester en Ligue 1 et d'afficher une volonté de se structurer et d’avoir une équipe compétitive", complète l’économiste.
Une Ligue 1 globalement dans le vert
"Pour les autres, il est capital de rester en Ligue des champions et d’essayer d’y performer cette saison et pour certains de s’y requalifier pour la saison suivante", ajoute Christophe Lepetit. "Ça veut dire être en capacité d'avoir une équipe un peu compétitive sans même parler des mouvements, qui ont pu avoir lieu de façon un peu fortuite. On a encore des clubs capables d’acheter, avec notamment Strasbourg."
Finalement, un club comme Lille, par exemple, dispose d’une balance des transferts positive de plus de 70 millions d’euros avec les différentes ventes signées cet été. Lyon est aussi dans cette situation. Après ses multiples passages devant la DNCG et son changement de direction, l’OL doit se serrer la ceinture. Les Gones ont sorti le chéquier pour recruter Tyler Morton à Liverpool (10 millions d'euros), le plus gros achat de l’été. Mais Lyon a surtout rempli les caisses, notamment avec la vente de Rayan Cherki à Manchester City ou celle de Georges Mikautadze à Villarreal, pour plus de 30 millions d’euros. Au global, l’OL possède un bilan des transferts positif autour de 70 millions d’euros, selon le site Transfermarkt.
Strasbourg hyper actif… et dans le rouge
C’est l’un des clubs le plus actif de ce mercato d’été 2025: Strasbourg. Le RCSA a dépensé sur le marché des transferts plus de 120 millions d’euros en deux mois, avec son plus gros achat en provenance de Brighton, Julio Enciso. Strasbourg a acheté plusieurs joueurs entre 10 et 15 millions d’euros cet été. Dans le même temps, le club alsacien a eu deux grosses ventes pour équilibrer tout cela, Dilane Bakwa pour 35 millions d’euros à Nottingham Forrest et Habib Diarra parti à Sunderland pour 30 millions. Strasbourg termine ce mercato d’été 2025 fortement dans le rouge, avec une balance négative de plus de 40 millions d’euros.
Une somme à relativiser pour le Racing, qui fait partie de la galaxie BlueCo, propriétaire de Chelsea. Cet investisseur a radicalement changé la donne ces deux dernières années pour le RCSA. Au total, Strasbourg a enregistré 18 recrues durant l'été, avec des mouvements étroitement liés à Chelsea. "En temps normal, Strasbourg aurait agi comme les autres, ils auraient cherché à sortir beaucoup de joueurs et à encaisser un maximum d’indemnités de transfert", ajoute Christophe Lepetit. "Avec cette galaxie, on a un nombre de mouvements dans les deux sens à Strasbourg qui est absolument incroyable."
Les finances de l'OM assez stables
"Dans un paysage où les droits TV ne représentent quasiment plus rien dans le budget des clubs, ce qui fait la différence, c’est d’être européen, Marseille est dans ce cas-là", estime Christophe Lepetit.
"Marseille a supporté des années sans C1, mais aujourd’hui, ça serait plus difficile de le faire, donc il faut être dans les quatre premiers et avoir une capacité d’investissement sur ce mercato pour obtenir des résultats cette saison."
Sur le papier, le mercato de l’OM a été actif et ambitieux. Le club marseillais a déboursé plus de 96 millions d’euros pour 81 millions de revenus. La balance marseillaise est donc négative de 15 millions d’euros. Dans le même temps, l’autre club européen, l’AS Monaco, obtient une balance positive de 103 millions d’euros sur ce mercato estival.
Globalement, avec 662 millions d’euros d’achats, la Ligue 1 a été le grand championnat européen le moins dépensier de l’été, juste derrière la Liga. Sur cette fenêtre estivale, les clubs de l’élite ont vendu pour plus d’un milliard d’euros de joueurs. "Pour les autres clubs de Ligue 1, c’est une gestion au cordeau, Angers, Auxerre, Brest, Metz, ces clubs sont dans une situation où ils vont jouer le maintien", poursuit l’économiste au CDES. Enfin, Brest n’a fait aucune folie sur ce mercato après sa bonne saison en Ligue des champions. "Je pense qu’ils doivent être heureux d’avoir réussi à faire la C1 l’année dernière", complète Christophe Lepetit. "Ça leur permet de reconstituer et de solidifier les fonds propres. Parce qu'en fait, là, ce qui va se passer, c'est que Brest ne joue plus la Ligue des champions cette année. Et s’ils ne rejouent pas cette compétition avant quelques saisons, les périodes vont être difficiles avec les droits domestiques. Peut-être que l'entraîneur Eric Roy n’est pas d’accord avec ce faible investissement de l’été mais je pense que les dirigeants ont anticipé les difficultés de juin prochain".